Page 7 dans le livre Tutur et Compagnie 

Quand comptez-vous me conter votre conte ?

Le pou et le professeur dessin animé conte d’Andersen

 

La petite poucette dessin animé Andersen

Mais quel est ce conte, Monsieur le Comte ?

Oui, c’est bien moi, la méchante, celle que tout le monde voudrait voir brûler en enfer, la belle-mère détestée qui ne reçoit que des pierres. Oui, c’est bien moi ! Et alors, vous croyez quoi, que je vais me mettre à pleurer ? Ah, on me dit que j’ai été cruelle ! Et bien je le crie haut et fort, je ne l’ai pas été assez ! 
Mon seul tort c’est d’avoir marié cet incapable qui n’était jamais là, sans doute toujours à courir le jupon et à traîner dans les cafés. C’est bien lui qui a causé ma perte et celle de mes adorables filles. Il m’a laissé seule à l’éducation de sa souillon. J’ai tout fait pour la redresser. Peine perdue, elle ne daignait jamais se laver. La garce que cette petite effrontée, qui rechignait devant les tâches ménagères ! Pour ne rien faire, elle s’est mise à dresser des pigeons. Voyez-vous ça ! Une nuée de pigeons dans la maison, c’est que ça en fait des fientes ces sales bêtes ! Et puis l’odeur et puis les puces ! Ah ! quand j’y repense, j’aurais dû les exterminer. On avait beau la supplier de s’habiller, la petite demoiselle n’en faisait qu’à sa tête, elle préférait la crasse de ses haillons. A peine l’avais-je menacée de la mettre en pension pour y recevoir un minimum d’instruction et de savoir-vivre que, feignant l’hystérie, elle se roulait dans la cendre pour en mettre partout dans la maison. Ah ! si j’avais su, je l’aurais battue. 
Quand ce fils de roi a eu l’idée d’organiser un concours télévisé pour se dégotter une fiancée, bien sûr que je n’ai pas hésité à y inscrire mes filles ! Après tout j’aime bien Danse avec les stars, The Voice, la Nouvelle star, un Incroyable talent, Star Academy, Koh-Lanta, Adam recherche Eve, L’amour est dans le pré. Elles avaient toutes leurs chances pour accéder à la finale, elles étaient belles comme Julia Roberts dans Pretty woman et Angelina Jolie dans Lara Croft et elles savaient danser mieux que Jennifer Grey dans Dirty dancing ou Jennifer Beals dans Flashdance. Je vous le demande : « En faut-il plus pour devenir princesse ? »
Mais cette petite perverse s’en est mêlée. Ah ! que je la hais !
Profitant de notre absence pour les castings, elle s’est enfuie à la ville pour y voler les plus grands magasins de luxe. Ah ! la peste, j’aurais dû l’enfermer ! Des robes, des robes et encore des robes de chez Christian Dior, de chez Yves Saint Laurent, de chez Jean-Paul Gaultier. Des sacs de chez Vuitton, de la lingerie de chez Chantal Thomass, des bijoux de chez Cartier. Ah ! la voleuse ! Bien sûr que fringuée comme ça, elle s’est fait remarquer par la production. 
Et il y a eu cette dernière épreuve, pas celle des poteaux qui est déjà bien cruelle mais celle des souliers qui est bien pire, une honte pour la télévision de service public ! Danser une demi-heure sans compter les pubs avec une paire de Louboutin en or massif, pointure 33 ½, talons de 12 cm. Il faut quand même que ce prince soit tordu pour avoir des idées pareilles. Rien que pour rentrer dedans, mes filles se sont coupé les orteils. Elles souffrent le martyr. Ah ! voilà mes filles handicapées ! Elles étaient belles, bien proportionnées avec un bon 39 pour 1 m 71 et on me les a abîmées. Comme par hasard, c’est la petite sagouin qui a remporté le gros lot. Quand je vous dis qu’elle n’a rien d’humain ! Un singe, un phénomène de foires, une pie voleuse, fainéante comme un pou, sale comme un peigne, voilà le portrait officiel de la nouvelle princesse. Pauvre royaume ! Ah que j’ai été bête !

Les trois petites cochonnes.

Il était une fois trois petites cochonnes qui, lasses de subir les réprimandes incessantes de leurs parents, abandonnèrent le domicile familial pour se lancer dans la vraie vie. « Enfin libres ! » grognèrent-elles avec soulagement. A ce stade de l’histoire, il est bon de noter que toutes trois avaient été bien nourries et qu’elles étaient belles à voir. Nul doute qu’elles trouveraient facilement un emploi pour subvenir à leurs besoins, c’est en tout cas ce que leurs père et mère pensaient de bonne foi. Un peu naïve et bien dodue, la première petite cochonne se fit employer comme serveuse au Starbucks café de la Neuvième Avenue. Elle y était bien considérée, ce qui lui valait de plantureux pourboires. De ces économies, elle se fit bâtir une charmante maisonnette de paille en banlieue. Bref, tout allait bien pour l’ingénue jusqu’au jour où un loup solitaire à l’âge bien mûr, au poil filasse et à l’œil torve, qui avait été l’un de ses plus généreux donateurs, la pressa d’avances tant et si bien qu’elle n’osa plus sortir de sa coquette maison de paille. Le vieux satyre l’ayant poursuivie jusqu’à son refuge n’eut aucun mal à percer les murs pour assouvir ses bas instincts de prédateur. La pauvre cochonne passa à la casserole sans que personne ne s’en émeuve. Après tout, le loup l’avait bien dédommagée en lui accordant ses faveurs et un toit pour l’abriter. La seconde petite cochonne, plus délurée, avait la cuisse charnue et bien alerte. Elle se fit engager comme danseuse de cabaret. Le salaire était conséquent pour une débutante. Après quelques temps, elle put s’offrir un ravissant petit chalet de bois en bord de Marne du côté de Nogent. Le lundi, jour de relâche, elle recevait le tout-Paris. Bref tout allait bien jusqu’au jour où un jeune loup marié, père de famille, au regard de braise, le poil gominé, se glissa sans encombre dans la liste des invités. Il n’était pas de cinq minutes dans la place qu’il fit miroiter à sa proie facile des contrats mirobolants à New-York, Las Vegas et même Hollywood. Les rêves de gloire eurent tôt fait de convaincre la petite cochonne d’abandonner toutes défenses qui auraient pu lui sauver la vie. Entre plat et dessert, elle passa elle aussi à la casserole sans que personne ne s’en émeuve. De l’imposteur, on n‘entendit plus parler. La troisième petite cochonne eût plus de chance. Elle décrocha son emploi à Bricorama. La tâche était lourde et le salaire peu élevé. Jour après jour, crevant sous la charge, la cochonne qui avait quelle qu’intelligence déroba, brique après brique, ce qui allait devenir une belle villa. Un loup de passage s’émerveilla de la construction. Le loup qu’on ne pouvait différencier d’un autre loup tant son physique était banal s’éprit de la belle entrepreneuse. Ne sachant ni forcer les portes et les fenêtres, tant elles étaient de bonne qualité, ni percer un mur de briques, l’amoureux transi se résolu, la mort dans l’âme, à passer par la cheminée. Echaudé, noir de suie, le céladon s’échoua lamentablement au beau milieu du salon. La cochonne prit le parti de rire de cette entrée remarquée, lui offrit le gîte et le couvert ainsi que toutes les commodités. Le loup pris au piège dut se résoudre à ne plus quitter le logis tant les murs étaient solides. Le mariage était sa seule issue. Ce qui fut fait sans tarder. Ils vécurent heureux sans avoir d’enfants.
Moralité. Méfiez-vous, petites cochonnes, des bonimenteurs. En affaire d’amour, il vaut mieux traiter avec un simple ramoneur.

La VRAIE histoire du chaperon rouge.

C’était, il est vrai, voilà très longtemps. En ce temps-là, les hivers étaient de vrais hivers avec un vrai froid de canard qui traversait les poils et pinçait la peau. Les gens avaient beau allumer des feux dans l’âtre que les flammes gelaient dans l’instant. C’était affreux mais cela ne m’empêchait pas d’exercer mon métier du mieux que je pouvais. J’arpentais les forêts couvertes de givre. La truffe toujours en alerte, je reniflais l’odeur des braconniers qui, sans relâche, traquaient la biche et le faon. S’il m’arrivait de croiser la route d’un de ces scélérats, je les faisais fuir d’un air menaçant avec force grognements. Comme vous l’avez compris, j’exerçais la noble profession de garde-forestier. Mais revenons à cette fameuse histoire qui a été très mal racontée. C’était la fin de l’après-midi, j’achevais ma tournée d’inspection lorsque je vis une petite fille tout de rouge habillée qui déambulait seule hors des sentiers balisés. Elle chantait à tue-tête des ritournelles effrayant ainsi les oiseaux qui tremblaient déjà de froid. Je m’approchai d’elle pour la sermonner. Pour justifier son comportement, la petite impertinente, avec des sanglots dans la voix, m’inventa toute une histoire avec sa mère, sa grand-mère qui vivait seule, un panier de galettes à distribuer, bref je n’en crus pas un mot et lui dit vertement que ses cris et son accoutrement faisaient fuir le gibier et pouvaient même provoquer des avalanches. Je lui intimai l’ordre de quitter les lieux sans délais. Faisant semblant de m’écouter, la contrevenante s’éloigna d’un air nonchalant. Mon service était terminé et je décidai sans plus attendre de regagner mon logis. Durant la saison froide, une brave dame qu’une santé déclinante obligeait à fuir le climat rigoureux de nos contrées me prêtait bien gentiment sa chambre, son lit et surtout son précieux édredon. J’étais à peine allongé dans mon nid douillet que j’entendis tambouriner à la porte. Fatigué de ma tournée, les jambes coupées, je restai pelotonné dans mon lit. Je criai seulement à l’intrus : Tire la chevillette, la bobinette cherra ! Quelle ne fut pas ma surprise quand je vis que la petite effrontée qui devait m’avoir suivi grimpait dans mon lit pour y trouver refuge contre les vents glaçants. Non contente d’accaparer mon duvet, la demoiselle sans-gêne se mit, par des remarques sottes et stupides à critiquer mon physique. Agacé par la chipie, je poussai mon hurlement le plus sonore, le plus beau, le plus terrible afin de la faire déguerpir. C’est à ce moment précis que surgit un chasseur armé jusqu’aux dents qui, croyant sans doute que je m’en prenais à la fillette, m’ouvrit le ventre et me fit passer, sans tambour ni trompette, de vie à trépas.
C’est ainsi que depuis plus de deux siècles, on ne voit plus le moindre loup exercer le beau métier de garde-forestier.

La vraie histoire de Margot et Jeannot d’après le conte mensonger de Wilhelm et de Jacob Grimm

—Accusée, levez-vous ! Vous êtes dans cette salle pour répondre de vos crimes. Vous la belle-mère en qui le petit Jeannot et la petite Margot avaient mis toute leur confiance après la disparition de leur mère, vous les avez trahis, vous les avez maltraités, vous les avez affamés, vous les avez fait travailler jusqu’à l’épuisement et enfin vous avez voulu les assassiner en les abandonnant dans une forêt impitoyable pour de si jeunes enfants. Avez-vous bien conscience qu’un seul de ces crimes vous vaudra la potence ?
— Oui, Monsieur le Président. J’en ai bien conscience mais je suis innocente.
— Innocent, innocent ! C’est ce que disent tous les bourreaux d’enfants. J’en ai assez. Que votre défense soit brève. Et ne vous moquez pas de ce tribunal qui vous condamnera avant Dieu. 
—Monsieur le Président, je vous en supplie, écoutez-moi. Mon seul tort, c’est d’avoir épousé le père de Margot et de Jeannot. Je l’ai rencontré à l’Auberge rouge où j’étais serveuse. Il était beau mais si malheureux que je le pris en pitié. Il me conta que sa femme avait disparu, que ses deux adorables enfants pleuraient chaque jour, que lui-même mettrait fin à sa vie s’il n’avait ces deux orphelins à nourrir. Il me fit les yeux doux. Ah que j’étais naïve ! Emue jusqu’aux larmes, j’acceptai de remplacer cette bonne mère qui n’était plus. 
—Ah, Madame, ça suffit ! Avouez donc vos fautes ignobles et qu’on en finisse !
—Monsieur le Président, laissez-moi vous raconter la vraie histoire de Jeannot et Margot. Celle que l’on vous a rapportée n’est que mensonge pour me faire taire et m’envoyer à l’échafaud.
—Sotte que vous êtes, vous ne sauverez pas votre tête. Entendez-vous dans la rue la foule qui la réclame à cor et à cris ? Vous êtes perdue !
—Sitôt mariée, je m’employai à tenir le ménage du mieux que je pus. Je berçais les enfants, essuyais leurs larmes et les entourais de toute ma tendresse. Mon mari ne rentrait que fort tard le soir. Sans cesse, il me reprochait de ne rien faire, de ne pas faire travailler les enfants. Quand il avait bu, mon mari n’était plus un homme, c’était le diable lui-même. Toute la journée, il traînait dans les cafés, courrait le jupon. C’était là ses seules activités, il n’avait pas de revenus. Je faisais bouillir la marmite avec les quelques économies que j’avais pu faire à l’Auberge rouge. Un soir, il rentra encore plus tard que d’habitude. Il sanglotait comme un enfant. Croyant qu’il était pris de remords, je l’entourai de mes bras. Ah que j’étais naïve ! Il m’avoua que les cartes ne lui avaient pas été favorables, qu’il devait une forte somme d’argent, qu’on allait lui briser les os si, dès le lendemain, il ne s’acquittait de sa dette. Je lui remis ce qui restait de mon épargne, ce qui lui sauva la vie et causa ma perte. Au bout d’une semaine, nous n’avions plus rien à manger. C’est alors qu’il me fit part de son plan machiavélique. Il connaissait l’existence d’une vielle dame que l’on disait riche à millions et qui vivait dans une maisonnette perdue au milieu de la forêt. Elle n’ouvrait sa porte qu’aux enfants pauvres qu’elle régalait de pain, de gâteaux, de beignets au sucre, de pommes et de noix. «N’est-ce pas là l’occasion qui nous rendra riches ? Margot et Jeannot meurent de faim. Perdons-les non loin de la maison de cette vieille peau. Elle leur ouvrira sa porte, j’en profiterai pour entrer et la tuer. À moi le magot !» Malgré mes cris d’horreur, mon mari fit une première tentative pour perdre les enfants au milieu de la forêt. Mais le petit Jeannot avait semé derrière lui des petits cailloux blancs. Les enfants n’eurent pas de peine à rentrer sans encombre à la maison. Mon mari persista dans son ignoble projet et prit cette fois toutes les précautions pour que les enfants lui ouvrent les portes de la brave dame. Il nous emmena encore dans les bois sombres par des sentiers connus de lui seul. Lorsque les enfants eurent fait ouvrir, tant leur misère était triste à voir, la porte de la vieille, mon mari se précipita dans le logis pour y assommer celle qui cachait un trésor. Il fouilla les coffres et les commodes et s’empara des perles et des diamants. Malgré mes cris d’épouvante, il maquilla son crime en brûlant vif le corps de la malheureuse dans le four de sa cuisine. C’était abominable, j’en restai pétrifiée d’effroi. Mon mari assassin se sauva sans demander son reste, emmenant avec lui son trésor et ses enfants. Je vous le demande, Monsieur le Président, à qui profite le crime ? Il est riche désormais, je suis pauvre. J’ai erré sept jours et sept nuits dans cette forêt maudite, mangeant des glands, des faînes et des racines avant qu’un de vos garde-forestier ne m’arrête pour un crime que je n’ai pas commis. On m’accuse mais je n’ai rien fait. Ah, que j’étais naïve ! 
À la fin de la plaidoirie de la malheureuse, le Président leva les yeux qu’il avait clos dès le premier mot. Satisfait de sa sieste improvisée, il prononça le verdict.
Sans plus attendre, la pauvre serveuse de l’Auberge rouge fut conduite au gibet pour y être pendue par les pieds jusqu’à ce que mort s’ensuive tant les crimes étaient horribles. Son corps supplicié fut jeté dans un endroit secret au milieu de la forêt où les bêtes sauvages la firent disparaître à tout jamais.
C’est ainsi que fut oubliée pour toujours la vraie histoire de Margot et Jeannot.

 

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Tex Avery

Jolie métaphore sur la vie. Conte philosophique