Page 19 dans le livre Tutur et Compagnie

Elle commence par une majuscule et se termine par un point. Qui donc ? Mais la phrase voyons ! Dans nombre de classes, c’est cette caractéristique de la phrase que, par un tour de magie magique, l’enseignant (et nombre de manuels scolaires) fait passer pour la définition. Oui, mais…  où faut-il placer la majuscule et le point ? C’est quand même la question centrale lorsqu’on veut écrire un texte un tant soit peu structuré.

Dans la littérature, il n’est pas rare de rencontrer des phrases longues, très longues et même très très longues. Mais qu’est-ce qu’une phrase longue ? Les auteurs contemporains utilisent une moyenne de +/- 20 mots par phrase. Ex. Amélie Nothomb dans Robert des noms propres, Albin Michel, 2002 : « Elle connaissait le caractère jusqu’au-boutiste de son amie et savait qu’elle lui interdirait de se mêler de son salut ». Voilà une phrase bien claire, propre et nette !

A l’inverse des auteurs comme Victor Hugo et Marcel Proust, iront jusqu’à écrire une phrase de 823 mots (dans les Misérables) pour le premier et 845 (dans Sodome et Gomorrhe) pour le second. En 2008, Acte Sud publie le roman de Mathias Énard  ‘Zone’ (Prix du Livre Inter), un pavé de 500 pages en une seule phrase.

Pour éradiquer le point, il faut tout de même quelques bonnes doses de Roundup. Au rayon des trucs et astuces citons une surconsommation des virgules, des points-virgules, des parenthèses, des tirets, des phrases enchâssées, subordonnées, incises, etc.

José de Sousa Saramago, prix Nobel de littérature en 1998, Pointbuster lui aussi à ses heures, remplaçait le point par la virgule suivie d’une majuscule. Après tout, pourquoi pas !

Mais revenons à une littérature de plus bas étage, c’est-à-dire la nôtre ! Des phrases avec des points et des majuscules.